Shannen Doherty a connu une carrière plutôt mouvementée dominée sans conteste par le personnage qui lui a d’ailleurs octroyé gloire et célébrité : Brenda Walsh dans Beverly Hills.
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Le jour où les fans l’ont découverte, puis adorée dans ce rôle, elle a été obligée de se protéger de leurs assauts. A leurs yeux, Shannen Doherty a représenté dès le début des années 90 ce que fut, à d’autres époques, le mythe Brigitte Bardot ou Liz Taylor.
A vrai dire, la jeune comédienne, qui avait 19 ans à cette époque, représentait tout ce dont rêvaient les ados, particulièrement les garçons : beauté, gloire et fortune.
Adulée, choyée, dressée en icône à tel point qu’en 1990 et 1994 (dates de sa participation à Beverly Hills) elle a eu le droit à toutes les sollicitations. Elle en refusa pas mal, mais accepta en revanche de s’occuper d’une rubrique dans un magazine pour teen-agers.
Imaginez Sarah Michelle Gellar répondre à tous ses fans par l’intermédiaire d’une revue qui lui ouvrirait ses pages !
Encensée mais aussi crainte, détestée voir haïe : en quelques mois, sans que personne ne puisse vraiment y remédier, la jolie petite Brenda de Beverly Hills allait devenir la bête noire !
Fin 1992, la série entamait sa 3ème année de succès déferlant sur la chaîne Fox. Jusque là, tout allait bien pour Brenda qui était devenue la chouchoute du show. Puis, Shannen s’aperçoit qu’elle n’a vraiment rien en commun avec son alter-ego de fiction. A partir de là, au fil des épisodes, tout va dégénérer pour la comédienne.
Souvent Shannen s’en plaint : «
les téléspectateurs ont une fâcheuse tendance à ne pas faire la différence entre Brenda et moi même. Le plus grave, c’est qu’il existe aujourd’hui des milliers de fans de par le monde qui, par exemple, se coupent les cheveux comme Brenda Walsh, adoptent sa tenue vestimentaire ou certaines de ses attitudes voire de sa façon de parler en m’assimilant à tout cela »
Avec Shannen Doherty, dans une Amérique blanche et blonde, force est de constater que, pour une fois, l’héroïne est une brune qui ne compte pas pour des prunes. A ce titre, son fabuleux succès aura au moins fait évoluer les mentalités. Mais, hélas, pas les critiques !
D’abord, on dira de Shannen qu’elle ne cesse de se plaindre. Un des techniciens de l’équipe de Beverly Hills précise même «
Elle geint à tout bout de champs ». Pourtant, Miss Doherty n’a aucune raison de se plaindre. A l’audimat de la popularité, elle tient le haut de l’affiche. Par exemple, à propos des effigies commelespoupées Barbie calquées sur lespersonnages de la série, elle tient la tête des meilleures ventes devant Kelly (Jennie Garth), Donna (Tori Spelling), Brandon (Jason Priestley) ou Dylan (Luke Perry).
Mais pour bien se rendre compte de la situation, la presse destinée à la jeunesse commence à organiser des sondages auprès des lecteurs et là, surprise : c’est le personnage de Kelly Taylor qui bat celui de Brenda Walsh.
De star de la série, Shannen est devenue la brebis galeuse. Pourquoi cela ?
Parce que Mademoiselle a le blues et son ego du même coup en prend un sacré coup dans les gencives.
D’un fait divers, la presse puis les anti-Shannen en font leur choux gras.
Un jour, on raconte qu’elle a purement et simplement fait virer un assistant parce que dans sa loge elle n’avait pas suffisamment de bouteilles d’Evian. Son contrat en stipulait en effet 10, or il n’y en avait que 8 !
Pour ne rien arranger, la demoiselle a d’autres exigences… par exemple, pour parcourir les quelques centaines de mètres qui séparent sa caravane des plateaux, elle a exigé une limousine avec chauffeur !
Hors plateau, dans son quotidien, Shannen n’en rate pas une pour attirer l’attention sur elle.
Un soir dans une boite de nuit, elle frappe la starlette Bonita Money. Résultat : un procès retentissant !
En même temps, elle refuse de payer sont loyer et une société de vente automobile vient de lui reprendre sa Mercedes d’une valeur de 440 000 francs.
Personnage public, Shannen n’a pas sa langue dans sa poche et exprime ses opinions politiques, une fois encore un peu trop à la légère : elle fera l’erreur fatale de soutenir la candidature de George Bush Junior aux élections présidentielles alors que toute la jeunesse américaine préfère Bill Clinton.
A la source de cette campagne de dénigrement dont est victime Shannen, il y le rejet du personnage de Brenda qu’un groupe de fans à décider de démolir : l’origine de cette haine est l’exploit de 2 jeunes filles en mal de reconnaissance publique qui s’occupent du fan club de la série Beverly Hills : Darby et Kerin.
Elles créeront ensemble un petit magazine « I Hate Brenda-Newsletter » (traduction : la lettre d’information Je déteste brenda). Mais qui est ce monstre s’interrogent-elle.
Leur but : Apprendre les bonnes manières à Shannen, considérée comme une emmerdeuse toutes catégories par la presse américaine.
Un label discographique leurs propose même d’enregistrer un rap Anti-Brenda.
La campagne de dénigrement et de calomnie dont Brenda a fait l’objet inquiète même ses pires détracteurs. Shannen et son entourage vivent constamment sur leur garde. Un jour, un vigil a d’ailleurs trouvé un engin explosif sur le plateau de Beverly Hills. Serait ce le fan club incriminé auprès duquel on enquête, ou encore cet amoureux qui, chaque jour, déposa une rose rouge sur le palier de l’immeuble où habitait l’actrice ?
Désormais, selon son propre père Tom, Shannen se déplace rarement sans une arme dans son sac.
Que faire ?
Shannen et Aaron Spelling prennent la décision de radoucir le personnage de Brenda pour la 4ème saison où elle apparait avec des vêtements moins agressifs. Dans certains épisodes, son dialogue, paraît un peu plus édulcoré qu’à l’habitude. Entre 2 tournages, Shannen ne sort plus dans les discothèques afin d’éviter l’affrontement direct avec l’une ou l’autre de ses rivales…
Avec les années, la date fatidique du 6 avril 1994 (celle de son départ de la série) semble loin derrière elle. Shannen confesse : « Je ne pense pas que ce feuilleton ait été une bonne chose pour moi. Je n’étais pas préparée à tel succès ».
Même si elle a conservé d’excellents contacts avec Jennie Garth, Brian Austin Green,… ses relations sont beaucoup plus compliquées avec Tori Spelling, la fille du producteur Aaron Spelling.
Revenons en 1998 où Shannen, en dépit de quelques vagues , n’a jamais perdu le contact avec Spelling.
Ce dernier l’a régulièrement relancée pour qu’elle revienne faire un tour sur les plateaux de Beverly Hills qui sans elle n’a plus jamais connu le succès. Mais Shannen se retrouve sur une liste noire dressée par certaines chaines : la Fox par exemple qui ne lui a pas pardonné son départ de Beverly Hills.
Début 1998 donc, Aaron propose encore une fois à Shannen de reprendre, pour quelques épisodes, son rôle de Brenda. Devant son nouveau refus, Aaron Spelling lui soumet le script d’un projet qu’il prépare pour la rentrée de septembre : Charmed. Son rôle, celui de Prue, l’ainée de 3 sœurs sorcières, se présente comme sérieux mais aussi drôle et souriant. Elle accepte, surtout qu’elle fréquente l’une de ses partenaires, Holly marie Combs depuis une demi douzaine d’années.
Lâchée par ses fans, vilipendée par la critique, assassinée par les médias, Shannen retrouve un second souffle 10 ans après la célébrité mondiale de Beverly Hills.
auteur : Jean Jacques Jelot-Blanc.